13. Rencontre
de l’initiative pour la protection des pollinisateurs au Canada
Mouche sur une aster de Nouvelle-Angleterre
(Aster novae-angliae)
Photo : Musée canadien de la nature |
Les 18 et 19 janvier derniers se tenait la première rencontre
de l’Initiative pour la protection des pollinisateurs au Canada
(IPPC). Celle-ci a réuni plus de 80 représentants
d’entreprises apicoles, des gouvernements provinciaux et fédéral,
du monde universitaire, des musées et des organisations non
gouvernementales à vocation environnementale ou agricole.
Cette initiative constitue l’antenne canadienne de la Campagne
nord-américaine pour la protection des pollinisateurs (CNAPP).
Elle vise à arrimer les efforts canadiens en matière
de conservation des pollinisateurs aux activités similaires
des États-Unis et du Mexique.
Provenant des secteurs et institutions mentionnés ci-dessus,
les conférenciers ont souligné le rôle historique
qu’a joué et que joue encore le Canada dans la recherche
scientifique sur la pollinisation et son application. On a clairement
démontré l’importance énorme des pollinisateurs
dans le maintien de la production semencière et fruitière.
À titre de pays adhérent à la Convention sur
la diversité biologique de 1992, le Canada est tenu de respecter
ses engagements portant sur les espèces pollinisatrices.
Entre un huitième et un tiers de la nourriture des Canadiens
est tributaire de l’activité des insectes pollinisateurs
; c’est dire l’importance de ces derniers dans la sécurité
alimentaire du pays. Les pollinisateurs sauvages entretiennent les
réseaux alimentaires naturels et génèrent les
semences et les fruits dont dépendent un grand nombre d’espèces
animales sauvages. La pollinisation est le chaînon clé
entre les espèces de plantes et d’animaux qui ont évolué
conjointement ; elle est essentielle au maintien de la biodiversité
des paysages canadiens.
Pourtant, on remarque un déclin des insectes pollinisateurs
et de leurs services à l’échelle continentale
et mondiale, en raison des pesticides, des maladies d’abeilles,
de la fragmentation des habitats et de l’étalement
urbain. Les participants au colloque se sont penchés sur
les mesures à prendre pour redresser la situation et améliorer
l’état de conservation des pollinisateurs indigènes
et élevés au pays.
La synergie importante qui existe parmi les représentants
pourrait servir de moteur afin que cette initiative puisse améliorer
la conservation des espèces pollinisatrices.
Le gouvernement fédéral doit reconnaître l’IPPC
afin de sanctionner cette initiative canadienne auprès de
ses partenaires de la CNAPP, étape qu’ont déjà
franchie les États-Unis et le Mexique. Parallèlement,
le fédéral doit officialiser sa coopération
par un protocole d’entente interministériel impliquant
minimalement Environnement Canada, , ainsi que Ressources naturelles
Canada. Dans le même ordre d’idées, le fédéral,
les provinces et les territoires doivent s’entendre sur une
initiative conjointe qui reconnaîtrait leur juridiction en
matière de pollinisateurs et de pollinisation, tout en laissant
place à une aide fédérale en matière
de conservation à l’échelle nationale. Les municipalités
canadiennes devraient faire partie de cette initiative, parce qu’elles
exercent un contrôle important sur les habitats locaux des
espèces pollinisatrices.
De plus, il faut établir des mécanismes de financement
qui soutiendraient : la poursuite des recherches en matière
d’écologie et de systématique des pollinisateurs
indigènes ; la réhabilitation des pollinisateurs en
milieux ruraux et urbains dégradés ; et l’éducation
populaire. Dès le début, il faudra se doter d’un
plan qui tienne compte des rôles et de la participation des
entreprises apicoles privées.
Afin de respecter les objectifs de l’Initiative, il faudra
étendre l’analyse permanente des lois et politiques
en place au niveau fédéral et provincial. On pourrait
faciliter la conservation des pollinisateurs par des modifications
aux politiques des ministères de l’environnement et
de l’agriculture, ainsi que de légers amendements à
certaines lois fédérales, provinciales et municipales.
Au colloque, la U.S. Academy of Sciences a présenté
son rapport 2007 sur l’état des pollinisateurs en Amérique
du Nord. L’assemblée a ensuite discuté des implications
de ce rapport sur la conservation des insectes pollinisateurs au
Canada. L’Initiative canadienne ne s’est pas encore
prononcée sur la pertinence de fonder la conservation à
travers tout le pays sur les recommandations du rapport.
Afin d’aider le gouvernement à faire sa part, l’Initiative
devra porter la question devant les commissions parlementaires appropriées
et faire pression sur le Commissaire à l’environnement
et au développement durable. Il faut voir l’Initiative
canadienne comme un investissement dans la sécurité
alimentaire et la santé environnementale du pays. L’Initiative
est bénéfique à tous les paliers de gouvernement
et aux partis qui la soutiennent, aux secteurs agroalimentaires
et à notre biodiversité nationale.
À l’avenir, l’Initiative canadienne servira
de centre névralgique où les divers représentants
du colloque pourront mettre en commun leurs recherches, pratiques,
efforts de sensibilisation et analyses des politiques gouvernementales,
dans le cadre d’un nouvel effort pancanadien de conservation.
Tous s’entendent pour faire de l’IPPC un événement
annuel récurrent, mais il reste à déterminer
la suite à donner à cette initiative, avant de planifier
la prochaine rencontre en janvier 2008.
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Yann Vergriete
Chargé de projet
Institut de recherche en biologie végétale
Jardin botanique de Montréal
4101, rue Sherbrooke Est
Montréal (Québec) H1X 2B2
CANADA
www.bgci.org/canada
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