9. Stop à
l’invasion verte ! Le Memorial University of Newfoudland Botanical
Garden décide d’agir face à l’invasion
d’espèces végétales exotiques, Costa
Kasimos & Joy Barfoot, MUN Botanical Garden
Cirsium arvense
Photo : MUN Botanical Garden |
Si vous avez pris le traversier de Terre-neuve, vous avez dû
être agréablement surpris par le lave-auto offert gratuitement…
avant de réaliser qu’on n’y lavait que le dessous
de votre voiture. Il s’agit de l’un des nombreux programmes
de prévention canadiens face à la progression d’espèces
exotiques envahissantes ; dans ce cas-ci, une maladie de la pomme
de terre appelée le nématode doré. Le Canada,
comme beaucoup de pays, a dû débourser des milliards
de dollars pour faire face au problème des espèces
exotiques.
Les espèces exotiques envahissantes constituent l’une
des plus grandes menaces pour la biodiversité et peuvent
avoir des conséquences économiques désastreuses.
Nous parlons ici des plantes, des animaux et des micro-organismes
qui s’infiltrent dans les habitats naturels pour s’y
installer, et finissent par étouffer les espèces indigènes.
Ces espèces exotiques sont inoffensives si elles demeurent
dans une seule région. Mais quand elles modifient le milieu,
s’étendent et étouffent les espèces indigènes,
elles sont considérées envahissantes et néfastes.
Le Canada, par l’entremise de l’Agence Canadienne d’Inspection
des Aliments et Environnement Canada, est devenu très actif
dans ce domaine. Avec l’installation au Canada d’espèces
aussi appétissantes que le longicorne asiatique (Anoplophora
glabripennis), le champignon responsable de la maladie de l’encre
des chênes rouges (Phytophthora ramorum), la maladie
hollandaise de l’orme (Ophiostoma ulmi), la salicaire pourpre
(Lythrum salicaria), le virus du Nil et le scarabée
japonais (Popillia japonica), qui menacent aussi notre
province, les régulations vont certainement devenir plus
sévères.
Regardons simplement les plantes ; il y a environ 4 000 espèces
de plantes au Canada, dont 800 plantes exotiques. Grâce au
climat de Terre-Neuve et du Labrador et parce que Terre-Neuve est
une île, le problème des espèces exotiques envahissantes
demeure restreint. Toutefois, plus de 35 % de nos espèces
végétales sont exotiques… ce qui donne une sur
trois !
Qui donc a ouvert la porte à ces visiteurs indésirables
? Nous sommes malheureusement les seuls à blâmer. Plusieurs
plantes exotiques sont appréciées pour leur goût
(par les hommes et/ou les animaux de ferme) ou leur beauté,
et ont donc été introduites volontairement, pour notre
bien-être. Certaines se sont faufilées, cachées
dans les sacs de nourriture et parfois même dans les intestins
du bétail. D’autres enfin sont entrées via les
emballages, les plantes médicinales, le foin et bien sûr
les plantes ornementales. Aujourd’hui avec internet, les amateurs
de plante ont accès aux espèces du monde entier.
Alors que les jardiniers sont préoccupés par les
mauvaises herbes exotiques, Joy Barfoot et Costa Kasimos de MUN
Botanical Garden sont davantage intéressés par les
plantes exotiques menaçant l’écosystème
naturel de Terre-Neuve et du Labrador. Grâce au soutien financier
du Invasive Alien Species Partnership Program, Joy et Costa ont
créé une campagne de sensibilisation visant à
stopper la progression des plantes exotiques envahissantes, à
empêcher l’introduction d’autres envahisseurs
dans notre écosystème fragile et à prendre
des mesures concernant celles qui sont installées. Cette
campagne éducative veut encourager les gens à s’informer
avant de planter de nouvelles espèces horticoles. Elle veut
aussi souligner l’importance d’acheter dans des serres
locales au lieu de se servir dans la nature. Elle encouragera aussi
l’utilisation des plantes indigènes comme plantes ornementales,
en tant qu’alternative écologique. L’utilisation
des plantes indigènes dans les jardins paysagers non seulement
empêche l’introduction des plantes exotiques, mais elle
réduit l’usage de pesticides et de fertilisants. Cette
campagne informera les gens sur la façon d’empêcher
l’introduction de nouvelles espèces dans les habitats
naturels, par l’utilisation de diverses techniques de jardinage,
comme le compostage de rebuts horticoles.
Un programme internet de contrôle (www.mun.ca/botgardenwww.mun.ca/botgarden)
a été lancé lors de l’atelier Eyes Across
the Province qui s’est tenu au MUN Botanical Garden le 17
avril dernier. L’objectif de ce programme est d’encourager
les amoureux du plein air et de la nature à signaler les
envahisseurs verts aperçus à travers Terre-Neuve
et le Labrador. Plusieurs personnes ont déjà signalé
des tussilages pas-d’âne (Tussilago farfara)
dans diverses régions de la province.
Jardiner est un passe-temps enrichissant et gratifiant. Le MUN
Botanical Garden encourage chacun à s’y adonner. L’objectif
de la campagne n’est pas de faire disparaître les plantes
de nos jardins. Nous espérons au contraire augmenter l’intérêt
pour l’horticulture par une meilleure appréciation
de notre environnement naturel.
En attendant, alors que les derniers flocons de neige s’infiltrent
doucement dans la terre, et que le soleil tant attendu du printemps
sort de l’ombre, gardez l’œil ouvert et bon jardinage
!
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Yann Vergriete
Chargé de projet
Institut de recherche en biologie végétale
Jardin botanique de Montréal
4101, rue Sherbrooke Est
Montréal (Québec) H1X 2B2
CANADA
www.bgci.org/canada
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